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Juste un petit syndrome de l'imposteur



Gérer le syndrome de l'imposteur chez les avocat·es

J'entends régulièrement des avocat·es dire avoir "un petit syndrome de l'imposteur". Ils/elles en parlent timidement, presque en chuchotant, puis balaient le sujet de la main comme si ce n'était pas important, car "tout le monde a un peu ça, non ? " Non, tout le monde ne souffre pas d'un syndrome de l'imposteur. Mais le syndrome de l'imposteur chez les avocat·es est fréquent, c'est vrai.


Alors, que peut-on faire pour remédier au syndrome de l'imposteur quand on est avocat·e ?

 

D'abord, c'est quoi un "syndrome de l'imposteur?"


Trois critères sont classiquement retenus pour qualifier un syndrome de l'imposteur :

  • l'impression de tromper son entourage et la peur d'être démasquée ("ce client va clairement se rendre bientôt compte que je ne suis pas le meilleur dans ce domaine et va évidemment mettre fin à mon intervention")

  • toute réussite est attribuée à une cause exogène (le hasard, la chance, l'erreur, une tierce personne...: "X a fait tout le travail, j'ai juste répondu à une ou deux questions")

  • une tendance à la dépréciation de tout ce qu'on accomplit (en réponse à un compliment : "merci beaucoup, mais ça n'était pas compliqué, on aurait tous pu le faire")

Et les manifestations de ce syndrome de l'imposteur, éreintantes, ne sont pas sans conséquence sur l'évolution au sein de la profession d'avocat.


 

Quelles conséquences du syndrome de l'imposteur dans l'exercice de sa profession d'avocat ?


Prenons l'exemple de Sylvain 👨‍💼.


Sylvain est le plus jeune associé d'un cabinet qu'il a rejoint il y a 6 ans en tant que collaborateur.

Quand il en évoque son association, il considère que c'est grâce à :

  • la conjoncture (le cabinet cherchait à promouvoir des jeunes associés pour améliorer son image sur le marché)

  • le hasard (l'autre collaborateur arrivé en même temps que lui est parti avant qu'on ait eu le temps de lui proposer)

  • la chance (l'associée gérante connaît vaguement le nouveau mari de la tante de Sylvain).

Bref, Sylvain pense qu'il n'y est pour rien dans son association, et que quelqu'un va vite s'en rendre compte.

Résultat : 😰 Sylvain vit dans la crainte que le cabinet se rende compte de son erreur en l'associant, ce qui génère beaucoup d'anxiété. 👨🏻‍💻 Sylvain relit 42 fois ses notes avant de les envoyer. Il surinvestit la préparation des réunions avec les clients. Ne compte pas ses heures. Il frôle l'épuisement professionnel. 🫥 A l'approche d'un déjeuner client ou d'un évènement de networking, Sylvain panique, se demande ce qu'il va bien pouvoir raconter et si on va se rendre compte qu'il ne connaît rien à rien. 💸 Sylvain peine à discuter argent et a tendance à diminuer spontanément ses honoraires : le client va probablement penser que c'est beaucoup trop, se dit-il.

Finalement, il n'y a qu'une seule situation où il est plus ou moins serein : dans son bureau, seul, lorsqu'il élabore une stratégie à proposer et lorsqu'il produit. Il respire. Le reste du temps, c'est l'apnée. Il se dit qu'il n'aurait jamais dû accepter l'association : "ce n'était pas pour moi !".


 

Des outils et astuces à mettre en place pour lutter contre le syndrome de l'imposteur chez les avocat·es ?


Si je dis "Chill, Sylvain, ça se voit que tu es compétent, la preuve on t'a proposé l'association et en plus les clients reviennent", il n'y a aucune chance que Sylvain me croie ! ❓Pourquoi ?

Car le syndrome de l'imposteur relève d'une croyance.

❌ Si je réponds aux croyances / peurs de Sylvain en lui disant "tu es compétent, sinon on ne t'aurait pas proposé une association", c'est une réponse rationnelle et cartésienne à une peur irrationnelle. Ça n'aura donc aucun effet. Il faut que ça vienne de lui. Sylvain a en réalité besoin de preuves pour prendre confiance. Le syndrome de l'imposteur, ça ne se pulvérise pas en une fois. Il faut prendre son temps, changer de perspective. Et ce travail finit par porter ses fruits. Alors, que pourrait-on conseiller à Sylvain ? 1️⃣ Faire une liste de ce qu'il a accompli jusqu'ici et des défis qu'il a relevés, en précisant les ressources et forces qu'il a mises en œuvre pour y arriver. 2️⃣ Tenir un "love book" ! Oui, un love book, parfaitement : garder une trace de tous les encouragements et compliments qui lui sont adressés (e-mails, messages divers), par ses associé·es, Confrères, Consoeurs et personnes qu'il estime : Sylvain craint d'être une fraude et que ses pairs s'en rendent compte ; le fait de compiler les qualités qu'on lui trouve va lui permettre de constater qu'on l'estime compétent et que son travail est valorisé.

3️⃣ Demander l'avis des personnes qu'il a conseillées : puisque Sylvain pense que ses clients ne sont pas satisfaits, rien de plus concret que des avis constructifs et fondés sur la réalité ! Les avis positifs lui apporteront une preuve tangible de la satisfaction de ses clients, et il pourra s'appuyer utilement sur ces feedbacks pour améliorer encore davantage sa pratique. 4️⃣ Sortir de sa solitude : Sylvain gagnerait à s'entourer de personnes ressources afin de partager son vécu et se nourrir de leurs expériences. Ami·es, Confrères, Consoeurs qui ont été / sont dans sa situation... Toutes les personnes lui permettant de voir qu'il n'est pas seul avec ses doutes et ses craintes ! Réseau professionnel, groupe de codéveloppement... à Sylvain de trouver ce qui lui convient le mieux.

 

Si ça vous parle, je suis disponible pour en parler ici 👇🏻


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